Le printemps, caractérisé par le réveil des animaux hivernants, a vu, comme chaque année, ressurgir en Arles le peuple de l’aficion, venu se retrouver aux arènes. Il y avait bien sûr eu, comme d’habitude, d’autres opportunités de se retrouver avant mais il s’agit là du premier rendez-vous d’importance pour l’aficion française.

Le printemps c’est bien sûr aussi la saison des promesses. Cette féria d’Arles était construite de façon attractive, première promesse. De plus à cette époque de l’année un certain nombre de cartels sont déjà connus. C’est le cas de Saint Martin de Crau, d’Alès, de Nîmes, de Vic, Istres, La Brède, Saint Sever, Céret, Mont de Marsan et même Béziers, et bien sûr en Espagne, ceux de Séville. Ce ne sont donc pas les promesses qui manquent en cette saison.

Si la promesse peut s’apparenter au bourgeonnement, elle se doit d’être suivie par l’éclosion.

La réalisation d’une féria attendue est comparable à l’éclosion d’autant de fleurs que de corridas célébrées.

En cette saison dont l’une des caractéristiques est de ne pas savoir choisir entre le chaud et le froid le temps s’est avéré clément et les températures relativement douces.

Surtout cette Féria que l’on peut considérer comme un très bon cru a pleinement illustré le caractère totalement en phase avec la vie de la tauromachie.

Il y a eu cette promesse partiellement tenue par un lot de toros de la Quinta très inégal de comportement. Il y a eu également le sort inégal qui a voulu que l’un des deux protagonistes, relevant d’une blessure conséquente ne danse pas avec les plus belles. Nous aurons d’autres occasions de voir au même cartel Sébastien Castella et Andres Roca Rey … c’est promis.

La seconde corrida du cycle a renvoyé les trois protagonistes à leur hôtel avec des résultats strictement égaux sur le papier, même si bien entendu, la réalité de ce qui nous a été donné à voir, tant du côté du bétail que des hommes était plus complexe que cela.

La novillada du dimanche matin, d’excellente tenue en ce qui concerne le bétail a produit pour ce qui est des novilleros des résultats contrastés. Elle a surtout été l’occasion de l’apparition d’un nouveau bourgeon sur la branche de la tauromachie française avec les débuts à ce niveau de Fabien Castellani.  

La corrida de Rejon a permis de confirmer la vivacité de la plante florissante dans cette catégorie qu’est Léa Vicens et la bonne santé du rameau Guillermo qui continu de pousser à l’ombre de la solide branche Pablo .

Et puis il y a eu cette victorinade finale que nous n’oublierons pas. Bien sûr la solidité et la toreria de la maturité étaient bien présentes.

Nous retiendrons la confirmation du talent de Clemente, que nous connaissions depuis longtemps et qui avait éclot au grand jour lors de la dernière temporada.

Et puis la chance d’une substitution pour Adrien qui aurait fort bien pu n’être qu’une occasion perdue sans la force d’effacer la fatigue d’un très long voyage et la volonté d’aller chercher sur le dernier toro de l’après-midi ce triomphe qu’il ne doit qu’à lui-même et qui, espérons-le, constituera les prémices d’une suite heureuse.

La tauromachie est un spectacle vivant en prise directe avec la vie et donc avec la mort. Nous n’oublierons pas ce sourire éclatant de Clément en haut des escaliers lors de sa sortie à hombros, vite effacé de son visage dès le bas de l’escalier, par l’annonce du décès, quasi simultané de son triomphe, d’El Andaluz.

Ce printemps a bien tenu ses promesses, non sans nous rappeler à la réalité de la vie. Tournons-nous à présent vers cette nouvelle temporada avec tout ce qu’elle nous réservera de joies ou de peines. C’est cela la vie.