Mathilde

Mathilde

Il n’y a pas tout à fait un an Mathilde nous quittait en assouvissant sa passion. Elle avait 20 ans.

Elle laisse dans la peine ses parents, ses grands-parents, sa grande sœur Clémence et son compagnon Pascal, Victor son amoureux, ses amis très proches, notamment Fanny et Valentine, sa bande d’amis du lycée, tous ceux avec qui elle montait à la manade, la bande des petits dont elle s’occupait à la manade et aussi quelques practicos qui avaient eu le temps de tisser des liens avec elle depuis son arrivée parmi nous.

C’est terrible, impensable, inconcevable mais malheureusement trop banal.

Ce n’est en soi pas une raison suffisante pour un hommage.

Nous sommes ici pour rendre hommage à Mathilde non pas du fait de son absence mais en raison de qui elle était.

C’était une jeune femme passionnée, sensible élégante et chaleureuse.

Sa passion pour la tauromachie et les traditions camarguaises et provençales est aussi la nôtre.

Femme de bouvine elle participait activement à la vie de la manade du Levant et montait à cheval en famille que ce soit dans le cadre du travail courant de la manade ou dans celui des manifestations taurines, ferrades, abrivados, bandidos ou jeux gardians.

Mathilde était en effet ce qu’en d’autres temps on appelait un garçon manqué, pour s’apercevoir à tout coup par la suite qu’il s’agissait surtout de filles particulièrement réussies.

Elle montait en équitation de travail et partageait toutes les taches et les activités de ses collègues masculins et avait même gagné à Manduel un concours de rodéo à dos de taureau.

Ce qui ne l’empêchait pas, du fait de sa proximité aux gens, de son caractère solaire d’attirer à elle tous les enfants qui, on le sait, ne se trompent pas longtemps sur les gens.

Et donc en plus du travail de la manade elle était perpétuellement entourée et sollicitée par sa petite bande : Alban, Lucie, Alexis, Mathis et Nathan lui demandant inlassablement « Dadou, tu viens jouer au toro ? »

Comme tous ceux qui cherchent à faire vivre une tradition le thème de la transmission lui était cher.

Sa participation au maintien des traditions s’exprimait également dans des pratiques relativement exigeantes, comme le port du costume arlésien.

Cet ancrage régional très fort n’excluait pas l’ouverture sur d’autres formes d’expressions taurines.

Ayant coutume de passer un mois d’été par an en Espagne elle était intéressée par la culture espagnole dans son ensemble.

Sa grand-mère maternelle, Nadine, lui a fait connaitre la corrida à laquelle elle a tout d’abord adhéré pour son côté esthétique. Bien sûr elle était également attirée par le côté physique, le challenge, le « défi de garçon ».

Alors quand elle nous a croisés, pendant une féria, dans notre stand sur l’esplanade elle a tout de suite eu envie de s’essayer à la tauromachie espagnole et s’est inscrite à l’association.

Elle a été séduite par notre sens de la fête, l’ambiance chaleureuse, le côté fraternel et l’entraide qui existe entre les membres de l’association.

L’expérience nous a souvent montré que n’y sont sensibles que les gens doués eux même d’ouverture d’esprit, d’empathie et de joie de vivre.

C’était bien sur son cas et nous avons été aussi heureux qu’elle de la compter parmi nous.

Outre ses qualités humaines elle s’est rapidement mise devant, que ce soit en sortant de second ou en participant à des capéas, chez Riboulet et dans le Sud-Ouest chez Alain Bonijol.

Bien qu’ayant commencé depuis peu nous avions remarqué son courage et sa motivation, qualités doublées d’une réelle adresse, liée à sa fréquentation de longue date des taureaux et à une certaine élégance – nous parlons de la « planta » – naturelle chez elle et sans doute renforcée par la pratique de l’équitation et le port du costume.

Le terroir et la tradition imprégnaient toute sa vie. Professionnellement elle s’orientait vers des études d’œnologie. Le vin, encore une histoire de terroir, de tradition et d’hommes. Nous n’avons aucune peine à l’imaginer dans cet univers.

Mathilde avait beaucoup de sensibilité, de passion, ne survolait pas les choses et les faisait à fond.

Autant de qualités que nous souhaitons promouvoir en particulier par la création, aujourd’hui du trophée Mathilde Reynes

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