Flamenco et tauromachie connurent et partagèrent un parcours similaire.
Une fois sortis de l’ombre, ils ne cessèrent de s’imposer comme de véritables spectacles de masse.
Leur succès grandissant contribua sans aucun doute à la modernité de leurs formes.
Le duc d’Anjou, petit fils de Louis XIV devient Philippe V, roi d’Espagne en 1700. La noblesse se détourne de l’arène pour ne pas déplaire à son roi qui a les jeux taurins en forte aversion.
Flamenco et corrida prennent naissance en même temps à cette époque, le premier dans les tavernes et la seconde aux abattoirs. Faut-il en déduire qu’il y a là l’expression de deux ivresses issues de la même plainte, celle d’un peuple ayant subi ce qu’il faut bien appeler une forme d’asservissement ?
Toujours est-il que c’est dans les abattoirs, les arènes, les auberges et les cafés cantantes que se tenait la vie socioculturelle du peuple andalou, là où les mondes taurin et flamenco se côtoyaient.
C’est ensemble qu’ils eurent à affronter, à partir de 1885 les débats autour de l’espagnolisme.
Pour les intellectuels espagnols de la fin du XIXème siècle, l’Andalousie, barbare, indolente, passionnée, bref, primitive ne pouvait que faire obstacle aux principes d’européanisation déjà en vogue.
Historiquement on peut noter que l’apparition de la tauromachie moderne au début du XVIIIème siècle mit en évidence les analogies esthétiques de ces deux arts ayant pour point commun de permettre à des hommes du peuple de se hisser au rang de vedettes.
Les pouvoirs politique et religieux se sont souvent opposés de façon plus ou moins violente à l’un et à l’autre du fait de leur capacité à échapper au pouvoir en place.
Le flamenco était également vécu comme une incitation à la débauche par l’ordre puritain.
Ce parallélisme est aussi nourri par un parallélisme des formes. Les deux se pratiquent sur un espace clairement délimité, le tablao pour l’un et le ruedo pour l’autre qui l’un et l’autre favorisent la connexion avec le public.
Les gestuelles sont également parentes et concernant les hommes, la parentèle des costumes entre traje corto et tenue du bailaor sont assez claires.
Au final la tauromachie et le flamenco qui représentaient parfaitement l’Espagne aux yeux du reste du monde faisaient l’objet en interne d’une querelle violente entre leurs partisans et leurs détracteurs qui avait finalement plus à voir avec les questions qui se posent sur l’identité espagnole qu’avec leur nature propre. Cette querelle étant peut-être aussi le reflet de la complexité des rapports entre l’Andalousie et le reste de l’Espagne. Pour aller plus loin je vous recommande l’ouvrage de Sandra Alvarez « Tauromachies et Flamenco : Polémiques et clichés – Espagne, fin XIXe début XXe » paru aux éditions l’Harmattan en 2007.
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