Tercio si controversé, si applaudi et si détesté. Si utile et si décrié….
Pourquoi la phase des piques est-elle défectueuse ? Depuis quand est-elle ainsi ?
Il faudrait revenir à l’époque où la protection du cheval (Caparaçon) n’existait pas.
A cette époque on piquait comme il faut, sans protection. Il n’y avait pas d’autre solution que de freiner la charge du toro avec la pique afin qu’il ne parvienne pas à atteindre le cheval et le blesser souvent mortellement. C’est pourquoi, à cette époque, les picadors pouvaient acquérir une renommée telle qu’ils en arrivaient à éclipser les matadors eux-mêmes.
En 1928, le gouvernement national impose les caparaçons dans toute les arènes. Les piques font également l’objet de modifications. Elles le seront encore d’autres fois au cours des dernières décennies pour en arriver à la pique en usage de nos jours. C’est également en 1923 que les picadors, pour leur sécurité, réclament qu’une ligne blanche soit dessinée sur le sol à 7 mètres des tablas, ce qui délimite leur territoire d’intervention du coté callejon, ceci pour ne plus avoir à aller provoquer le toro seul au centre de l’arène. Il faudra attendre le milieu du siècle dernier pour voir apparaitre une 2ème ligne éloignée de 2 mètres vers le centre de la première afin de définir l’emplacement du toro avant la rencontre à une distance minimum de deux mètres du cheval.
La suerte de Varas est absolument nécessaire dans une corrida et encore plus au cours des tientas au campo, où cette épreuve concerne les femelles ou les mâles quand il s’agit de sélectionner les futurs géniteurs de l’élevage.
La phase des piques sert à mesurer la bravoure du toro et à vérifier s’il intensifie sa charge ou non sous le châtiment. Il doit s’élancer au moins deux fois au cheval car la première fois il ignore ce qu’il va trouver.
De nos jours, le cheval et le caparaçon sont légers. Le châtiment doit être appliqué de façon mesurée et en plusieurs fois. Le règlement national espagnol de 1996 stipule que le picador réalise la pique en obligeant le toro à venir droit et sur sa droite – sans vriller, sans lui fermer la sortie, sans insister et sans prolonger un châtiment appliqué de façon incorrecte. Le picador doit pointer la pique afin qu’elle tombe sur le « morillo » (masse musculaire à la partie terminale du cou, avant le garrot)) et non en arrière du morillo ou à la chute de l’épaule, au risque de produire une lésion musculaire importante et affecter les nerfs de cette zone.
Il s’agit de freiner l’élan du toro. On cherche à cadrer la charge du toro, à faire en sorte que son cou soit moins rigide, à réduire les coups de tête à droite et à gauche, à diminuer la force du toro pour rendre possible la faena de muleta. La pique doit faire saigner de façon raisonnable, pas plus de 2 ou 3 litres sur un total de 40 à 50 litres (quantité de sang que possède un toro de 500 à 600 Kg).
Mais combien de toros actuels sont en mesure de la supporter ?
Les détracteurs de la phase des piques prétendent que la sensibilité actuelle la rejette. Lorsque la suerte se fait correctement avec des chevaux légers et bien dressés, en piquant en avant et en mesurant le châtiment, face à un toro de caste avec de la force, le public apprécie le spectacle.
Le public qui se rend aux arènes recherche de l’émotion et de l’authenticité, faute de quoi il aura du mal à revenir. Lorsqu’il constate que l’affrontement entre le cheval et le toro est équilibré, que le toro charge vivement dès la première pique, qu’il ne se décourage pas sentant qu’il peut vaincre son ennemi, il n’y a pas cette sensation de pitié pour le toro. Si, en outre, ce tercio de vérité est bien exécuté, cela peut être du délire… Il est absolument indispensable de retrouver un toro brave capable d’affronter avec succès ce tercio. Lorsque ces conditions seront réunies, la phase des piques occupera à nouveau sa place première, qu’elle n’aurait jamais dû perdre et sera un élément fondamental pour la défense de la corrida et avec elle de la tauromachie.
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