Né à Nîmes, Remy Coulomb a grandi dans une famille de tradition rurale imprégnée de culture taurine. Son grand-père maternel d’origine espagnole était un téléspectateur assidu de Canal + au temps béni où cette chaine, libre de sa ligne éditoriale, faisait profiter ses abonnés des commentaires éclairés de Simon Casas et Pierre Albaladejo sur les bonnes corridas de la temporada, contribuant ainsi à diffuser de façon très efficace la culture taurine. Son autre grand-père était un abonné de la première heure à la revue Toros et ses parents l’ont amené voir sa première corrida à l’âge de 10 ans. Protégé jusque-là de la violence du spectacle, certes, mais très informé dès avant ce premier contact.
Son aficion s’est avérée très communicative dès l’âge tendre, puisque c’est finalement lui qui entrainât ses parents à prendre plus souvent encore le chemin des arènes.
Chirurgien d’arène ne fut pas sa première fonction dans le mundillo, puisqu’il fut un temps chauffeur et mozzo d’espada de Bertrand Pujol, ce qui lui permit de passer de l’autre côté du rideau, de faire connaissance du mundillo de l’intérieur, de vivre en direct les fameux voyages taurins, et d’affiner sa culture taurine d’un point de vue technique.
Aujourd’hui l’aficion de Remy Coulomb est à la fois boulimique et universelle. Déjà en famille on voyait beaucoup de spectacles taurins aux arènes et encore plus en vidéo. A l’heure actuelle il ne se passe pas une journée sans que Remy ne se tienne informé de l’actualité de la planète toros. Il voit toujours beaucoup de corridas, dans le cadre de ses fonctions ou en dehors et continu d’avoir recours aux retransmissions pour abolir le temps et la distance.
Pour lui, aimer la tauromachie ne peut se concevoir qu’en en aimant toutes les facettes.
Il y a potentiellement autant d’intérêt et de plaisir à voir lidier et toréer un manso perdido qu’un toro d’une grande noblesse ou qu’un autre très encasté.
Tout se joue dans la relation entre le toro et le torero, l’harmonie qui peut se créer. La joie du beau spectacle vient souvent de l’art de déplacer le toro avec grâce. Le physique du torero, par exemple sa taille, a de l’importance, comme dans la danse.
L’émotion compte aussi. Elle peut être de nature très différente en fonction du toro, mais également de la personnalité et du caractère du torero, sans qu’il soit possible de dire ce qui vaut le mieux entre ce qui finalement n’est pas réellement comparable. Comment départager Morante, José Tomas et le Juli ? Que faudrait-il préférer entre l’expression artistique poussée parfois jusqu’au sublime, l’abandon total, jusqu’au sacrifice ultime et la science du toro au-delà de toutes limites ?
En parlant d’émotion l’un de ses plus beaux souvenirs est le mano à mano nîmois sous la pluie du Juli et de Jesulin.
Quoi qu’il en soit il est fasciné par le toro qui reste l’élément central et aime donc particulièrement les plazzas de présentation, comme Madrid. Remy, on le voit, est un aficionado de verdad. Et de l’aficion il en faut de nos jours pour être chirurgien d’arènes. L’exercice se pratique dans le cadre associatif, c’est à dire de façon totalement bénévole. Mais là n’est pas le problème. Cette forme d’exercice, comme l’ensemble de la médecine, a aujourd’hui tendance à se judiciariser. Le risque professionnel n’est donc pas nul, surtout dans un contexte où la loyauté n’est pas le mot qui vient le plus spontanément à l’esprit pour qualifier les relations des professionnels espagnols avec leurs homologues français. Par chance, à Nîmes la médicalisation des arènes se fait avec le soutien du CHU, ce qui simplifie par exemple les problèmes d’assurances.
Surtout que même si les moyens humains sont bien là avec un chirurgien, un anesthésiste, un infirmier de bloc et un aide anesthésiste, ainsi qu’un généraliste pour la prise en charge du public, l’équipe chirurgicale étant doublée à Nîmes, les moyens matériels ne sont évidemment pas du même niveau que ceux dont on dispose au CHU et auxquels ces praticiens sont habitués.
Et puis les amphithéâtres romains ont leur charme, mais les romains qui avaient inventé le chauffage par le sol pour leurs termes et leurs salles de bain n’avaient pas cru devoir se pencher sur la question du bloc opératoire, ce qui conduit à exercer dans des structures aux plans un peu atypiques.
Bref un exercice bénévole, non dénué de risques professionnels, dans des conditions quelque peu plus spartiates que celles auxquelles sont habitués les professionnels de santé, pas besoin de sortir de l’ENA pour deviner le problème qui se pose : le recrutement.
Là encore l’aficion de Remy Coulomb entre en jeux. Il emmène aux arènes les internes, le plus souvent originaires de régions non taurines, grimpe avec eux aux amphithéâtres les jours de course et leur fait découvrir la corrida en leur proposant l’irremplaçable expérience d’une première corrida commentée avec passion, précision et compétence. Certains accrochent, entrent sur le chemin qui fera d’eux des aficionados et entrent à l’association pour participer à la médicalisation de spectacles taurins.
Accepter d’assumer la responsabilité de la couverture médicale des spectacles taurins réclame, on le voit, beaucoup d’aficion, beaucoup d’engagement et d’altruisme, toutes qualités qui ne font pas défaut à notre chirurgien d’arènes nîmois
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