PAPES ET TAUROMACHIE

PAPES ET TAUROMACHIE

On entend souvent dire que, dans la bulle De salute gregis, le pape Pie V (‘grand berger’ qui parle du Salut du troupeau à lui confié !) a condamné les courses de taureaux en termes très explicites et d’une extrême sévérité : « spectacles sanglants et honteux, de démons plutôt que d’hommes ». C’est exact… Mais en général, on oublie la suite. La voici.

C’est le 1er novembre 1567, que Pie V promulgue cette bulle De salute gregis qui condamne sans appel les jeux taurins. Mais pourquoi ? Tout d’abord, ce n’est pas en raison du sort du toro mais en raison des énormes risques inutiles pris par des hommes (souvent des nobles à cheval)… autre chose étant la guerre pour défendre le roi ou l’Église ! Les termes de la bulle sont très clairs : En de nombreuses villes et autres lieux, on ne cesse d’organiser des spectacles privés ou publics consistant en courses de taureaux ou d’autres animaux sauvages, destinés à faire exhibition de force et d’audace, courses qui occasionnent fréquemment des accidents mortels, des mutilations et sont un danger pour les âmes. Nous ne sommes pas en 1850 (Loi Grammont) !

Et il convient de ne pas oublier la suite. Le 25 aout 1575, le pape Grégoire XIII décide de lever l’interdiction pour les laïcs par une nouvelle bulle : Exponi nobis (On nous a exposé…). Le 14 avril 1586, Sixte V rétablit les sanctions de Pie V (notamment une excommunication), mais par un simple « bref », d’autorité bien moindre (Ah ! La diplomatie) : Nuper siquidem (Puisque récemment…). Le 13 janvier 1596, enfin, dans un esprit d’apaisement, Clément VIIl lève de nouveau et définitivement les sanctions par une nouvelle bulle : Suscepti muneris » (La charge que nous assumons). Il ajoute cependant : Que dans lesdits royaumes d’Espagne, ces sortes de combats de taureaux n’aient pas lieu les jours de fêtes religieuses – très populaires, les courses enlèvent pas mal de fidèles aux liturgies… – et que des mesures soient prévues par ceux dont c’est la charge pour que mort d’homme y soit évitée autant qu’il est possible. On n’est toujours pas en 1850. Qu’on se le dise !

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