Ce numéro d’hiver est léger, comme le temps qui passe, comme la bise d’hiver qui nous caresse les joues au bord de nos étangs, de nos sansouïres, ou même de notre méditerranée, du moins quand le vent fripon, le vent maraud, le vent furibond ne vient pas s’en mêler. Pardon de l’emprunt à ce bon vieux Georges, mais j’écris ces lignes face au Mont Saint-Clair qu’à la faveur du beau temps de ce tout début d’année je distingue clairement de ma terrasse, à l’autre bout de cette espèce de virgule que le littoral dessine dans le Golfe du Lion entre le Grau du roi et Sète. Cela oriente forcément un peu l’inspiration.
Vous y trouverez relaté par le menu la dernière initiative en date de l’AFAP dans l’inépuisable domaine de la transmission de la culture taurine. Le succès de l’expérience fait qu’elle sera reconduite. Pensez à vous inscrire à l’avance si vous le souhaitez, pensez surtout à inscrire toute personne de votre entourage à laquelle vous avez quelque raison que ce soit de faire ce cadeau de culture et d’aficion.
Notre médecin des âmes, Jacques (mon frère), a tenté l’expérience de sonder le cœur et les reins de l’intelligence artificielle. Je vous laisse découvrir le résultat et ses commentaires.
Il n’y a pas que l’âme qui ait besoin que l’on prenne soin d’elle. Nous vous proposons le portrait d’aficionado d’un acteur taurin que l’on souhaite aussi intermittent que possible. Remy Coulomb est chirurgien d’arènes à Nîmes. Vous verrez que quinze ans d’études sont loin de suffire. Il y faut également une aficion très profonde, seule capable de soutenir l’engagement nécessaire.
La période est aussi celle de l’introspection et des bilans. Sur le plan taurin l’année 2023 est comme les autres avec son lot de bons souvenirs, de moins bons ou même de très mauvais.
Il y a, par exemple, la queue coupée par Morante à Séville et sa fin de saison en queue de poisson.
Il y a l’espoir qui triomphe avec la réhabilitation de la plazza de toros de Lorca endommagée par le séisme de 2011 et le retour de la tauromachie annoncé à la Monumental de Mexico.
Il y a la constance célébrée avec les quarante ans du CFT fêtés en 2023 et les trente-cinq ans de l’AFAP annoncés pour 2024.
Il y a la mémoire et le respect avec le VIIIème trophée taurin de la mairie de Séville attribué à Espartaco.
Il y a le sourire avec la belle alternative nîmoise de Solal ou le succès de Tristan Barroso à la Féria del arroz de Calasparra et les larmes avec le décès de Pepe de Montijo. Il y a eu le sourire brouillé de larmes avec le départ d’Andaluz pendant que Clemente triomphait en Arles.
Il y a la despedida du Juli qui nous renvoie à un quart de siècle de bonheur tauromachique. Le bonheur tauromachique est comme tous les bonheurs, fait de hauts et de bas, mélange de sentiments et d’émotions variées. A nous de ne garder que le meilleur et de laisser les polémiques et les rodomontades aux aigris qui se font fort heureusement plus de mal qu’ils n’en font à la tauromachie. De ce quart de siècle nous garderons le souvenir mexicain de nos yeux écarquillés devant ce bébé toréro qui passait la tête à mi-hauteur du burladero ou qui grimpait sur un escabeau pour suivre la course à laquelle il participait de novillero et qui sidérait par le coté déjà très abouti et très maitrisé de son toreo. Il y a eu son alternative Nîmoise, des mains du torero des toreros, Manzanares père, aussitôt l’âge de 16 ans atteint. Il y a ces vingt cinq ans de magie d’une tauromachies variée, empreinte au début de la gaité de sa jeunesse mexicaine avec son répertoire varié à la cape et ses poses de banderilles au cordeau. Puis, la maturité venue, ce maestro, puit de science, qui donnât à chaque toro qui croisa sa route, ou très peu s’en faut, sa faena propre. Il y aura surtout ce torerazo qui jusqu’au bout a gardé intacte cette envie de triompher que d’autres oublient un peu au fur et à mesure des années d’alternative, comme en témoigne cette porta gayola de sa dernière San Miguel sévillane, que rien ne l’obligeait à donner.
La tauromachie est une allégorie de la vie – plus précisément de la vie éternelle. Chaque nouveau toro sortant du toril après l’arrastre du précédent, si semblable à lui, représente aussi la victoire de la vie sur la mort, l’éternel recommencement de celle-ci.
L’histoire contemporaine de la tauromachie nous a livré en 2023 une version torera de cette allégorie.
La despedida du Mozart de la tauromachie a coïncidé avec la présentation à Istres, en novillada, d’un autre petit Mozart en la personne de Marco Perez. Réglementation oblige Marco a 16 ans. Nous avions cependant eu l’occasion de le voir toréer en capéa beaucoup plus jeune, avec ces mêmes sentiments mêlés de joie, d’incrédulité et d’émerveillement que Juan Lopez nous avait procurés en son temps.
La tauromachie est éternelle.
Excellente année 2024 à tous, faite de tous les bonheurs que vous espérez, exempte de toute peine et parsemée de ces joies taurines dont la seule évocation nous pousse irrésistiblement vers les arènes avec toute l’illusion du monde.
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